dimanche 27 avril 2008

Ayhi ! Ayho ! je repars au boulot...

Voilà ! c'est pour demain... je va mieux, donc tout va bien... tout va bien ???
A mon très grand regret, j'ai plutôt le sentiment amer de reprendre le chemin de la mine.
Et pour être honnête jusqu'au bout, je n'en ai pas la moindre envie.
Il s'est passé un truc de fou fin mars... c'était un vendredi matin, la veille du week end Pascal.
J'arrive comme tous les matins, ou presque, de bonne heure et de bonne humeur. Petit tour pour saluer mes collègues et là, je me fais happer par mon chef qui me conduit dans son bureau. Nous avions une réunion importante 15 minutes plus tard, pour découvrir la réorganisation de la direction Systèmes d'Information. J'ai tout de suite compris qu'il y avait un loup... Il avait l'air du gars qui ne sait pas comment s'y prendre pour annoncer avec conviction un truc foireux auquel il n'adhère pas un instant. Son cellulaire sonne... c'est le boss qui demande si le poisson est ferré... ok ? il arrive !
Piteur est livide. Il me connait très bien. Il sait qu'il vaut mieux que ce soit lui qui me parle. Il le fait. Vite. En deux mots. En bredouillant quelques excuses çà et là de n'avoir pu m'en parler plus tôt. Je suis abasourdie. Je sens monter une chaleur du fond de mes entrailles. Une sensation de brûlure intérieure m'envahit. Mes jambes flagellent, mes bras sont lourds... Heureusement je suis assise. Là, en face de lui. Je ne le quitte pas des yeux... pourtant j'ai l'impression de ne plus le voir... Je viens de prendre la tarte de l'année. Il continue de parler, il me dit qu'il ne voulait pas ça, qu'il était contre... je ne l'entends même plus. Mes oreilles bourdonnent, j'ai mal au crâne. J'ai beau me concentrer pour encaisser, les larmes coulent le long des joues. Je n'arrive pas à parler. Il ne faut pas d'ailleurs car ce serait prendre le risque d'éclater en sanglots et le boss va pointer son nez d'une minute à l'autre.
Il est là, The Boss, dans sa chemise ridicule, et m'annonce avec un sourire ultra brite que conformément à la nouvelle organisation, je change de chef, je change de service, je change d'équipe et je change de bureau.
Moi : ça se discute ?
Lui : non, tout est verrouillé.
Moi : silence
Lui : qu'est-ce qui coince ?
Moi : silence
... ... ...
Un quart d'heure plus tard, l'annonce était faite officiellement à toute la direction.
Durant une semaine, j'étais
révoltée... et en grande spécialiste de la discipline, j'ai psychosomatisé.
Un peu comme si j'étais sortie de mon corps pour ne pas assister à cette tuerie. J'avais l'impression qu'ils venaient de poignarder celle que j'étais... Il fallait que je m'échappe... Dans ma tête je suis partie... mon sourire s'est éteint en quelques jours. Et mon corps s'est mis à déconner à plein tubes.
Maintenant, je suis dégoûtée, blasée. Je n'arrive même pas à croire que c'est fait.
J'étais à l'aise comme un poisson dans l'eau dans cette équipe qui m'a accueillie à bras ouverts il y a 2 ans. Travailler sans bruit, sans étincelles, sans fioritures, sans chichis, sans réunions à la con. Etre là, au service des utilisateurs, être efficace sans se faire remarquer. A l'abri dans mon labo info, comme protégée du monde extérieur, dans ma p'tite famille d'adoption.
Ceux qui me connaissent le savent. Quand je suis arrivée dans ce service, c'était une renaissance. Une bouffée d'oxygène. Mon visage n'a pas mis plus d'un mois pour s'illuminer d'un sourire quasi permanent. Avec l'aide de mes collègues, j'étais de plus en plus à l'aise dans mon job. J'apprenais chaque jour et j'aimais ça. Ça faisait des années que je n'étais pas partie au boulot le matin avec plaisir. Au milieu de l'océan tempêtueux qu'était ma vie, c'était mon île. Mon repère stable. LE point positif, mais aussi ce qui m'a aidé à remonter de si bas. A l'époque où j'étais désespérément seule, à l'époque où je n'avais plus le droit de voir mes enfants, à l'époque où je devais chercher tout au fond de moi pour me battre contre des soifs démoniaques... je vivais des journées faites de petites satisfactions professionnelles. Entourée de personnes formidables, sans ronds de jambes inutiles... du technique ! de l'efficacité au service des autres.
Et il a fallut que les têtes pensantes grassement payées à réfléchir pondent une organisation de m#rde ! ça marchait sans doute trop bien depuis 2 ans... C'est tellement intelligent que ça me fait penser à un bidule genre "Le Super Loto 2008" : on met tout le monde dans un grand sac, on secoue, et on pioche les pions au hasard... Le premier qui invente un nouveau service a gagné !
Aujourd'hui on m'annonce que je quitte ce chef qui en 18 ans d'ancienneté est le seul à avoir compris mon fonctionnement. Je quitte aussi cette équipe qui m'a adoptée et avec laquelle je me sens si bien. Je quitte mon labo info où je me sens à l'abri des agressions quotidiennes de tous ces gens qui parlent trop et qui donnent leur avis sans qu'on ne leur demande.
Ce que je gagne ? Pas de fric, ça c'est clair. Ce n'est pas une promotion... juste un meurtre.
Y'a t-il quelqu'un par ici qui puisse m'expliquer comment on peut prendre des décisions aussi absurdes...

5 commentaires:

Drew a dit…

J'espère sincèrement que ce sera moins pénible que ce au quoi tu t'attends. Tu sais, tu seras peut-être pas la seule dans toute cette réorganisation à te trouver dans ce bateau ;-)

Pour ce qui est de la décision des grandes têtes dirigeantes de ce monde, elles reposent désormais du monde du $$$ et non plus des ressources humaines (en ce qui a trait aux employés on s'entends!)
C'est malheureux et d'autant plus pathétique.

Allez, on se retrousse les manches et on se dit que ça ne sera pas si pire!

Anonyme a dit…

y qu'un mot pour qualifier ces gens: connards, c'est tout... et en plus, ils se multiplient: on a les mêmes chez nous...

Anonyme a dit…

Mouais.... la vieille école de gestion, celle qui gère comme on le fait avec une équipe de sport, en gérant d'estrade, loin de l'action, avec un crayon, du papier et une calculatrice.

Ce genre de chose n'arrive jamais quand le gestionnaire se rapproche un peu des intérêts et des forces de ses ressources humaines, ce qui visiblement, ici, n'a pas été le cas.

Ils n'ont surtout pas évalué les pertes qui sont toujours encourues quand on déplace un élément heureux et performant au sein d'une équipe pour le remplacer par quelqu'un qui le fait dans une toute autre attitude.

En ce qui te concerne, et surtout toi qui connait le mode de vie qu'il nous faut adopter, il te sera utile de te rappeler le "ici et maintenant" et surtout, que rien ne te prouve pour l'instant que tu ne trouveras pas aussi bien, avec le temps là où tu vas! Donnes nous en des nouvelles!

Anonyme a dit…

C'est moche tout ca... J'espère qu'ils n'auront pas raison de vous, ca le serait encore plus... Il doit y avoir qqc de bien qui vous attend, qqpart, caché dans l'ombre, du moins, je vous le souhaite :) xx

Diane Eve a dit…

Merci à tous. Je fais un ti billet dès demain matin pour vous expliquer tout ça... vous êtes adorables ! biz