dimanche 13 avril 2008

Faut que j'mouv' mon body !!!

Flottant entre rêve et réalité, un imperceptible bruissement et une odeur de café, tentent avec difficulté de forcer la brume matinale qui enveloppe mon cerveau encore engourdi d'un réveil précoce. Naaan ! Ça c'est ce que j'aurais aimé écrire. En réalité, c'est Monsieur de Curé du village qui s'est accroché à ses cloches pour sonner l'Angelus de 8h... le voilà le coupable ! Mais bon sang de bois ! qu'est-ce qu'il a c't'homme là ? l'est pas fait comme les autres ? pourquoi donc y dort pas le dimanche ?
Dans la lumière blafarde d'un soleil qui ne parvient pas à déchirer les derniers lambeaux de la nuit, les oisillons de la dernière couvée se blottissent contre leur mère, hésitant à mettre le bec hors du nid chaud et douillet. De rares crapauds téméraires laissent échapper leur cri rauque des lendemains qui déchantent, lorsque la tête prise dans un casque à boulons, je cherche désespérément à savoir quel jour on est... c'est pénible ça, de se réveiller déjà angoissée ! Quel jour sommes t-on ? Les enfants sont-ils là ? Est-ce que j'ai kravail aujourd'hui ? ça voudrait signifier que je suis à la bourre ? Dois-je sauter de mon lit ou bien ?
Les perles de rosée jouent avec les jeunes bourgeons d'un radieux printemps, la terre laisse échapper des senteurs musquées. Lentement l'astre de lumière achève de dévêtir de ses derniers voiles le jour qui se lève. La campagne quitte langoureusement les bras de Morphée. Un vol de corbeaux s'enfuit d'un champs fraîchement labouré. Quelques ruminants nostalgiques content à leur progéniture les temps pas si lointains où il était encore possible de regarder passer les trains. A présent, c'est le TGV et il passe beaucoup trop vite... ça fait rien que mettre en vrac la mise en plis de Marguerite !
Je cherche en vain au plus profond de mon être à retrouver la douce quiétude du foetus qui m'envahissait il y a quelques secondes encore. Les persiennes laissent filtrées des raies de lumière qui zèbrent la pièce, la fenêtre ouverte n'offre aucun barrage aux sons de la nature qui s'éveille. Au loin un coq lance son chant matinal repris en écho par l'un de ses semblables, dans la cour d'une ferme un chien aboie, une magnifique journée s'organise. Sauf que par chez moi, quand la nature s'éveille, ça ressemble à un amalgame beaucoup moins buccolique... les cloches du curé, la tondeuse d'un voisin accro qui n'a rien d'autre à faire le dimanche matin, la perçeuse de l'autre voisin, qui finit de placer sa nouvelle barrière et qui bosse le week end, les watt mille décibels d'une musique débile dans la chambre d'une ado décérébrée déjà debout ou pas encore couchée et qui a décidé d'aérer sa piaule... je suis entourée de voisins sympas !
Dix minutes s'égrainent à peine sur mon horloge atomique, dont le biorythme élémentaire est calé sur cet épisode de l'histoire, que vous imaginez être le début du commencement. Ce que vous baptisez "Big-bang", n'est en réalité que mon cinquième anniversaire, lorsque j'ai eu ma panoplie de petit chimiste. J'en étais à ma deuxième expérience et un détail a du m'échapper quand je mélangeais la nitroglycérine avec le reste de la préparation. Horloge intégrée dans ma mémoire subliminale au plus profond de mon subconscient, souvent qualifié, à tort, d'inconscient... moi ? inconsciente ? Enfin, je sais à présent que nous sommes dimanche, que mes loulous sont chez leur papa, que je n'ai pas kravail. Zen !
Je me lève, j'accomplie mon petit rituel quotidien, qui consiste à poser mes deux petits pieds sur la balance en gardant les yeux fermés car je ne veux pas voir le résultat... et je descends me faire couler un café –ben oui, pas le choix, normalement, dans les histoires, l'amoureux s'est levé un peu plus tôt et il a préparé le déjeuner de sa belle... il est même allé acheter des bons croissants et un joli bouquet de freesias... il me connaît bien l'amoureux, il sait que le parfum enivrant de ces fleurs me fait chavirer... mais là, non ! on oublie. Inutile de vérifier, l'amoureux n'est pas là, je m'en serais rendue compte quand même, la table de la cuisine est dans l'état tout pareil que je l'ai laissé hier soir roooh c'est pas bien ça ! et le café ? ben il attend sagement dans le paquet ! alors on arrête de rêver et on se fait son café comme une grande ! et qu'ça saute, y'a pas qu'ça à faire ma p'tite dame-
Je descend dans le jardin, la tasse à la main, pieds nus... Tiens, p'tit clin d'œil à jassure, un barefooter qui vient me lire chaque jour... oui, j'aime bien marcher pieds nus dès que les températures le permettent. Quoi de plus agréable que d'aller caresser l'herbe fraîche... Faut dire que mes origines de va-nu-pieds me collent à la peau. Il fait beau, je suis bien... et c'est joli comme tout. Du vert, du jaune, du blanc, du rouge...
mais en regardant le jardin d'un peu plus près, voilà le spectacle :

P'tain, c'est pas vrai ! le jardinier s'est encore foutu de moi ! au prix où j'le paie, il exagère ! sans compter le nombre de fois impressionnant où, par condescendance, je l'autorise à monter dans la Ferrari pour la sortir du garage et la faire briller... Alors là, faites moi confiance, y va m'entendre ce maraud ! Je m'en vais le flageller sur la place publique avec une botte d'ortie dès la première heure demain matin. Il l'aura bien mérité !
J'appelle la tour, perte de contrôle de neurone, panne hydraulique, plus de réponse, commandes bloquées, alarme incendie réacteur droit, siège éjectable enrayé, Mayday, Mayday, parachute dorsal en torche, ventral en réparation, seuil de sécurité atteint, crash imminent, Ménnie Grégoire, 3615 "Angoisse", c'est pas dans les pages jaunes, que faire, où suis‑je, S.O.S., S.O.S., Papa - Tango - Charly ... OK, OK, reprise de contrôle progressive, panne psychomotrice mineure en cours de résorption, parée pour une conversation cohérente.
Oui bon ben quoi ? je me suis égarée... dans ma lancée, j'ai un peu oublié... j'ai pas de jardinier ! ceci explique cela.
Il me reste donc 2 alternatives... voir 3 !
Primo : je retrousse mes manches fissa, je chausse mes sabots et je teste la tondeuse pour voir si elle coure plus vite que moi... Mais c'est dimanche... et pi chu pas en forme... et pi j'ai mal au ventre... c'est quoi la deuxième alternative ?
Deuxio : j'attends patiemment demain matin, les gremlins seront de retour. je les embauche. Après tout, ce n'est pas moi qui joue au foot dans le jardin... comment ? j'entends des rabats joie pointilleux qui protestent ? Quoi ? on ne fait pas travailler les mineurs ??? mais depuis quand ? chu pas au courant d'ça... bon, bon, d'accord, passons à la troisième alternative
Troisio : j'embauche un maraud de jardinier... euh... oui, mais alors y'a du job en amont ! faut d'abord gagner au loto... enfin, faut avant tout jouer... puis gagner... puis trouver un maraud... et puis faut aussi acheter une ferrari histoire de pouvoir écrire qu'il a le droit de la conduire régulièrement... pfff... c'est du boulot tout ça !
Eh... finalement, elles sont pas belles mes tites fleurs jaunes et blanches ??? c'est bien comme ça, nan ?
à très plus les p'tits loups !

1 commentaire:

Drew a dit…

Joli comme tout ce billet :D Moi aussi il m'arrive de sursauter et de me dépêcher car en retard au travail...

Jusqu'à ce que la Reine me dise que j'ai congé... Un soulagement en soi!