mercredi 21 mai 2008

Dans mon jardin…

Il y a quelques matins, doucement mais irrésistiblement, m’est venue l’envie de faire un tour dans mon jardin.
Envie d’ouvrir une parenthèse sur ma vie et ses contraintes, sur le temps qui n’attend personne.
Besoin de changer mes idées, d’arrêter les horloges.
Dans la pelouse gorgée de rosée, je me suis promenée à petits pieds…
A ce moment, la journée commence tout juste. L’air est doux, le soleil pleut dans les branches du cerisier avec une implacable douceur. Du parfum enivrant de la glycine lorsque je passe sous la pergola menant à la piscine, aux feuilles d’eucalyptus qui doucement se réchauffent et dégagent des arômes envoûtants lorsque mes mains traversent ses branches, tout n’est que délice et subtilité. Le ciel d’un bleu pur m’invite à la douceur… cette douceur de vivre dans le calme, sans se poser watt mille questions. La nature m’invite tendrement à savourer les frangrances, déguster le charme des couleurs, jouir de ces minutes suspendues...
C’est alors qu’une hirondelle est venue se poser sur mon épaule… Quelle audace ai-je pensé ! Pourtant, timide et retenue, elle restait sur ses réserves. Depuis quelques semaines, je la regardais, que dis-je, je l'admirais. Elle n'était jamais loin, faisait quelques timides apparitions...
Et ce matin là, elle est venue jusqu'à moi. Etait-ce la tranquillité du moment ou la sensation de se sentir hors du temps, quand tout le monde dort encore ??? De peur qu’elle ne s’envole, je me faisais prudente, je retenais mon souffle, je n’osais plus bouger. Que voulait-elle me dire en s’approchant si près ? Et comment savait-elle que je ne la chasserais jamais ? Je l’ai écouté chanter, elle m’a écoutée parler. Dans le regard que nous avons échangé avant qu’elle ne s’envole, j’ai compris qu’elle serait là le lendemain. J’aime ce rendez-vous avec elle chaque matin, et parfois je me dis que je pourrais presque passer ma journée dans le jardin.
Je pourrais presque passer mes journées dans ce jardin... C'est le presque qui compte, le conditionnel qui fait la différence. Quand l'idée me vient, ça semble une folie. Il y a cette vie qui m'attend, les enfants, la maison, le travail...
Mais voilà.
Depuis quelques jours, j'éprouve beaucoup de plaisir à m'évader dans ce havre de paix. Il y a le soleil qui est arrivé avec une intensité mate, une force tranquille. Il y a cette hirondelle avec qui j'ai fais connaissance. Il y a quelque chose de léger qui flotte...
"Je pourrais presque passer mes journées dans ce jardin". Cette phrase me vient toujours au même instant. Juste avant de retourner à la vie qui court, quand il semble qu'il est trop tard pour bousculer le temps, quand j'entends déjà le téléphone qui sonne.
Trop tard ? Pourtant l'avenir est ce que l'on a décidé d'en faire... La folie me poussera peut-être à tout bousculer, à découvrir un autre rythme, d'autres plaisirs, et pourquoi pas m'envoler avec cette hirondelle... Ou bien je me résignerais à répondre à ce téléphone qui sonne – j'ai du boulot et je ne sais pas voler... Sans compter que cette hirondelle a elle aussi sa colonie, elle a déjà fait son nid et bientôt ses petits seront là...
Mais peu importe. Ce qui compte c'est le moment de la petite phrase. Je pourrais presque... c'est bon la vie au conditionnel, comme lorsque j'étais enfant et qu'avec mon frère et ma cousine nous nous inventions des histoires en nous promenant dans les bois de St Pierre : "on aurait dit qu'on serait...". Une vie inventée qui prend à contre-pied les certitudes. Un petit vent de folie sage qui change tout sans rien changer...

4 commentaires:

Drew a dit…

Ce billet est superbe et le tag est hilarant! ;)

Anonyme a dit…

Chère Diane Eve, que cela doit être agréable d'être une hirondelle dans votre jardin. Une telle approche de celle-ci ne peut être qu'un signe de confiance infini. Votre narration si belle et poétique est toujours aussi belle est agréable à lire. Ne vous arrêtez surtout pas. A votre tour d'être l'hirondelle de vos lecteurs.

Diane Eve a dit…

@ Drew : merci m'sieur, c'est très gentil.

@ Djinn : rassurage : je n'ai pas l'intention d'arrêter... j'envisage de m'entretenir avec un hérisson... bon, sur l'épaule c'est moins agréable... ça pik et ça pu ! ;-)

Anonyme a dit…

Oh c'était zoli ce billet !