L'homme se tait quand il va mal. La femme, c'est le contraire.
L'homme se tait quand il va bien. La femme, c'est le contraire.

Ça fait un moment que je potasse, que je me renseigne, que je fouine, que je me documente... Aujourd'hui, j'ai quelques réponses. Hey, pas d'la niotte. C'est cautionné par des mecs qui ont d'abord pris le temps de décrypter le langage des baleines, des ordinateurs et des trous noirs, pour enfin se pencher sur nos problèmes de communication. Conclusion de l'un d'entre eux : "Ce qui est étonnant, ce n'est pas le nombre de divorces. C'est le nombre de gens qui restent mariés."
Il a pas tort le garçon, car si nos amis les hommes et nous mêmes employons les mêmes mots, on est bien loin de parler la même langue. D'où ça vient ? C'est culturel. Ah ben nous v'la beaux ! on est bien avancés avec ça. Comment s'en sortir ? Comme en pays étranger : apprendre les rudiments de la conversation. Avec cette difficulté supplémentaire qu'on n'en est encore qu'au brouillon du manuel. On ne désespère pas... c'est largement mieux que rien. Car on part de très bas !
Pourtant nous, les femmes, sommes très douées pour comprendre. Même à demi-mot. C'est dire qu'on ne demande pas grand-chose. Mais, même ça, c'est très au-dessus des capacités de production de l'homme. Qu'il soit sapiens, on n'en doute pas. Mais taciturne, c'est une évidence. Dans le meilleur des cas, ça nous laisse juste perplexe. Homme passe le week-end dans sa famille. Il rentre. Femme lui demande : quoi de neuf ? Homme répond : rien. Trois jours plus tard, Femme apprend que sa sœur est enceinte et se marie le mois prochain. Admettons que ce genre de nouvelle soit moins importante pour lui que pour nous. Admettons aussi qu'il exulte en silence.

Il semblerait que face à un problème, l'Homme se rencoquille dans sa bernique. Alibi : il veut nous protéger. "Ce n'est pas la peine que tout le monde aille mal, quand moi je ne vais pas bien", dit-il. C'est gentil. Sauf que, à force de ne pas comprendre pourquoi il se mure dans son malaise, on finit par croire qu'on a fait quelque chose de travers. Qu'il nous trompe. Qu'il ne nous aime plus. Ou n'importe quoi d'autre. On devient cinglée.
Mais pourquoi vous cherchez des raisons ? demande l'Homme, avec une horripilante candeur. D'abord, parce qu'il y en a. Ensuite, parce que les hommes eux-mêmes nous induisent à décrypter ce qu'ils ne disent pas. Pour eux, agir passe avant parler. Et l'action a un sens. Parfois même, valeur de déclaration. Et quand Femme annoncera volontiers à tout le monde qu'Elle et Homme sont amoureux, Homme, lui, choisira de ne rien dire mais de le montrer... en faisant le café, dans ma cuisine, en le servant, avec mes tasses, pour bien montrer qu'il sait où tout se trouve dans la maison. Je me souviens de Franck, parti à la montagne une semaine avec sa copine et qui avait laissé de côté sa passion du hors-piste pour lui apprendre à skier. Pour lui c'était clair : "Quand tu en es là, ça sent déjà le mariage" m'avait-il dit avec le plus grand séreux. Est-ce que ça explique le grand succès des moniteurs de ski ? (roooh, ça va, je plaisante !)
Mais forcément si on applique à tout cette grille de décodage, il y a des moments où on se méprend. Parce qu'on surinterprète. Quand l'Homme lance un message, la Femme réagit au métamessage.
Des exemples ? pouahaha ! trop facile...
Si on partait en week-end ? (Il m'aime)
Je reste dormir. (Il m'aime)
Il faudrait qu'on repeigne ton salon. (Il s'engage)
Si on invitait tes parents ? (Il s'engage un max)
Pas ce soir, je n'ai pas le temps. (Il ne m'aime plus)
Je reste dormir. (Il m'aime)
Il faudrait qu'on repeigne ton salon. (Il s'engage)
Si on invitait tes parents ? (Il s'engage un max)
Pas ce soir, je n'ai pas le temps. (Il ne m'aime plus)
C'est qu'en plus il faut tenir compte de leur grande pudeur. Et ça leur prend très jeune... le fils d'une copine, 6 ans, passait son temps à me dire "t'es moche". Bizarrement, c'était assez désagréable. Et ma copine de m'expliquer : "Quand il t'agresse, c'est qu'il te trouve sympathique. Si tu lui étais indifférente, il ne réagirait pas." Outre qu'elle connaît son fils par coeur, elle a derrière elle cinq ans d'analyse... ;-)
Aujourd'hui, on sait que les femmes se servent de la parole pour resserrer les liens. Ce qui est important n'est pas tant ce qui se dit que le fait de se parler les unes aux autres. Chez les hommes, le ciment de l'amitié, c'est de partager une activité. Qu'ils la pratiquent ou qu'ils y assistent. Retaper la maison de campagne, jogger le dimanche matin, prévoir de déboulonner François Pignon, ou affiner le logiciel Orca IV. Ensemble. C'est pour ça que l'homme est interloqué quand on lui demande angoissée par tant de non-dit : "tu m'aimes". Pour lui, c'est l'évidence : "si je ne t'aimais pas, je ne serais pas là". On se retrouve confrontée à cette déduction : l'amour de l'homme est inversement proportionnel à la quantité de mots qu'il prononce.
Et pourtant, parfois, il parle. A des gens qu'il aime bien. Et on équarquille les yeux quand cet Homme, qui s'affale le dimanche après midi devant un grand prix en proférant de temps à autre une onomatopée ravie, devient un monstre de loquacité pour peu qu'on se retrouve dans un dîner. Plus moyen de le faire taire. Il raconte l'histoire du mec qui aborde une fille dans un bar, explique à l'informaticien comment débuguer son PC, entame un cours d'oenologie comparée à propos du pichet de rosé et, quand on appelle un taxi, conclut sur la crise des transports. Tout le monde l'adore. On n'y comprend plus rien.

Rien de plus masculin que cette manière de croire que tout peut se régler en 2 temps trois mouvements. D'aller droit au but. La femme se promène. L'Homme va d'un point à un autre. La femme procède par suggestion. Exemple tout bête (y'a du vécu, là...) : Elle, en voiture : "Tu veux t'arrêter pour boire quelque chose ?" Lui : "Non, ça va." Elle, 50 Km plus loin, furieuse : "Tu aurais pu me demander si moi j'avais soif" Lui, énervé : "Si tu avais soif, tu n'avais qu'à le dire." Elle pense que lorsqu'on est attentive aux besoins de quelqu'un, il semble normal qu'il s'intéresse aux nôtres. Et elle est frustrée qu'il ne le fasse pas. Lui, en revanche, se sent manipulé. Il comprend : "Elle me le demande uniquement pour que je lui demande." Et ça le rend fou.
"Si les hommes ont tant de mal à nous entendre, c'est aussi qu'ils ne nous écoutent pas". Erreur ! L'Homme et la Femme n'ont pas la même manière de montrer qu'ils écoutent. La Femme pose des questions. Montre qu'elle suit en disant "Mmm ", "Ah bon", "Oui". Elle regarde bien en face la personne qui parle. L'Homme, pour montrer qu'il est attentif conserve le silence. Quand il parle à un autre homme, ils sont moins souvent face à face que côte à côte. Ce qui éclaire d'ailleurs d'un jour nouveau cette allégation de Saint-Exupéry selon laquelle l'amour serait de regarder ensemble dans la même direction ;-)
En tout cas, voici pourquoi nous chopons régulièrement les boules quand, au resto, cet homme qui ne dit rien, s'assoit de biais et regarde ailleurs pendant qu'on lui confie les plus précieux de nos états d'âme, eh bien, il est attentif. Mais comment le savoir ? Car le "Mais si, je t'écoute", quand il est accompagné de tous les signaux qui disent le contraire, ne sonne tout simplement pas crédible. Voilà aussi pourquoi les hommes s'énervent. Prétendent qu'on les interrompt tout le temps. Nous, on essaie bravement de montrer qu'on s'intéresse et eux interprètent ça comme une tentative pour prendre le contrôle de la conversation. Il y a de quoi ne pas s'en sortir. D'ailleurs, les hommes interprètent beaucoup de choses comme des tentatives pour prendre le contrôle. Femme au téléphone, du bureau : "je rentrerai tard ce soir". Homme illico : "si tu veux que je fasse les courses, tu me le demande franchement s'il te plaît".
Soit. Demandons-le lui franchement. Demandons lui franchement n'importe quoi. De réparer l'étagère de la salle de bain. D'aller au moins une fois à la réunion de parents d'élèves. De payer l'électricité. De remplir les papiers pour le prêt. De nous faire une petite bise avant de partir. Qu'obtient-on ? Rien. Pas un oui. Pas un non. Juste rien. Zéro effet. On comprendrait, s'il nous expliquait pourquoi. Qu'il a prêté la perceuse à un pote.
Qu'il finit trop tard tous les soirs. Qu'il n'a plus une thune. Que la banque le refuse, le prêt. Qu'il est plutôt du soir. Mais rien. Ça nous abruti d'inintelligence et d'énervement. Résultat : devant l'absence de réaction, on répète. Du coup, il se met à interpréter ça comme un ordre. Et résiste de plus belle. C'est parti pour la spirale infernale chaque fois que Femme répète sa demande, Homme en retarde l'éxécution. C'est si fréquent qu'un éminent scientifique lui a donné un beau nom savant : "schismogenèse complémentaire" Traduction : ça commence à se gâter et ça n'est pas près de s'arrêter.

Heureusement, dans sa mansuétude, pour arrêter tout ça, l'inventeur du langage a imaginé le coup de gueule. Une manifestation oratoire que l'Homme aime bien... et la Femme que je suis aussi... ;-)
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La Pensée du jour
Pourquoi ils ne disent pas ce qu'ils pensent et ne comprennent pas ce que l'on dit ?
3 commentaires:
Chère Diane Eve. Vous connaissez les hommes beaucoup mieux que certain d'entre eux ne se connaissent. Triste constat de l'apparence masculine mais tellement vrai. Je m'incline devant votre analyse si juste.
@ Djinn : Rien de triste m'sieur ! de l'humour, juste de l'humour ! je l'ai dit au début : il a fallut se pencher sur les baleines, les pc et les trous noirs avant de penser aux Hommes... et encore,on est pas rendus :-))
M'ouais !! :-)
C'est joliement écrit et avec beaucoup d'humour mais un tantinet facile si je puis me permettre.
Ce n'est pas que le trait soit grossi, juste obésifié :-)
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