Si je me laissait aller, je leur dirait bien le fond de ma pensée, à tous ces humains qui parasitent ma vie, me briment, m'exploitent, m'humilient, m'impressionnent. Mais l'éducation, l'ignorance et la trouille me ligotent la langue. Et c'est parfois tant mieux.
Je ne suis pas radine, non. Mais à force, je m'exaspère de le voir jeter mes haricots verts extra-fins sur sa balance, attendre pile le moment où le poids est au plus haut pour arracher le sac et clamer triomphant "1,2 kg ". Quand je ne le soupçonne pas d'appuyer juste ce qu'il faut pour rajouter quelque 50 grammes . Mon amour-propre m'interdit de le dire aussi clairement. Oh bien sûr, je pourrais tenter de le distraire au moment où il pèse : "ça alors, un tyrannosaure rex sous la halle du marché ! c'est fou", insister pour peser moi-même "depuis que je suis gamine, j'adore jouer à la marchande", ou la jouer grand seigneur "1,2 kg ? votre balance doit déraper, je jurerai qu'il y a bien 2 kg ". Ou me rabattre sur les surgelés et les fruits en sachet. Non, tout compte fait, mieux vaut continuer à passer pour une demeurée qui, à 39 ans, s'éclate toujours à peser ses pommes de terre sur "une vraie balance".
Au bureau, à mon patron, au sujet d'une augmentation...
Visiblement, mes arguments le laisse froid... Le coût de la vie, ma voiture qui rend l'âme, le doublement des heures de la femme de ménage ;-) si j'en avais une !, l'état de ma penderie... ?? il s'en fout ! Lui, voit la ligne "augmentations" au chapitre budget de son bilan. Et sait que la sienne a déjà mangé toute la ligne !!! ;-) coucou Chef ??? Changer de tactique ? invoquer les excellents résultats du service, le florissant des compte de l'année passée et l'excellence des perspective à l'Odyssée 2012 – porteur l'Odyssée 2012 – de l'aéroport... Il me répondra, au choix et au fil des ans : "oui mais les investissements" ; "oui mais les low cost" ; plus tard... "oui mais le risque d'un gouvernement socialiste"... et pourquoi pas "oui mais les 35 heures"... Mon influence sur la marche du monde est limitée. Je tenterais bien de bredouiller "oui mais moi dans tout ça ?"... Mais en fait, ma vraie terreur, c'est qu'il me toise, stupéfait : "Une augmentation ? Toi ? C'est une plaisanterie, j'espère." Et j'attends sagement l'augmentation syndicale qui elle est systématique.
A mon banquier pour lui dire que je vais avoir un gros découvert...
Devant ma glace, je répète. Je prend l'air de la fille avertie, je souligne d'un air entendu les "crises financières", "low cost", "risque de gouvernement socialiste", je vais même jusqu'à ajouter "les 35 heures", etc. Bref, j'élève le débat en le remettant dans le contexte économique mondial. En vain. "Peut-être Madame, mais je vois mal le rapport entre l'implantation des low cost à St Exupéry et votre découvert". Moi si : quand l'une s'implante, moi je ne suis pas augmentée. Mais ça non plus je ne lui dis pas. Sa pertinence m'estomaque : voilà ce que j'aurais dû répondre à mon patron. Alors je balbutie un "euh, ben, c'est-à-dire, je pensais que le tourisme..." Au finish, l'implantation des low cost me vaut une autorisation de 700 € au taux défiant toute concurrence de 18,5%.
A mon dentiste pour lui dire que j'ai peur...
Ce qui est totalement incompatible avec mon statut de maman qui explique doctement à ses enfant "ne t'inquiète pas, ça ne fait pas mal, le monsieur est très gentil". Oui, mais dès que je dépose mes fesses sur son fauteuil, je me recroqueville de trouille. "En position fœtale" dit le dentiste. "En position de légitime défense" dis-je. Et je ne condescends à lâcher son bras que pour celui du fauteuil. Changer de dentiste ? Alors qu'il ne me fait même pas mal ? Non, j'endure, stoïquement. En marmonnant, la bouche pleine de fraises, aspirateurs et autres loupes, "chi che lève a main, ch'est que cha fait mal".
A mon psy pour lui dire que "j'arrête"...
Enfin, si, j'y arrive. Ça fait même sept fois en cinq ans que ça arrive. Il m'écoute très attentivement : "intéressant,très intéressant, développons, voulez-vous ?"
Parce que, non, je ne veux pas d'un coup de roux ; De prune ?. Non, ça ira,merci. Pas plus que d'auburn, de rouge ou de corbeau. Ni des mèches. Oui un shampoing- coupe-brushing suffira. Non,sans crème, ni masque, ni avant, ni pendant,ni après. Là encore, dire non ou même non merci, c'est dans mes rêves. En live, je ressors en prune, méchée de roux, les pointes enduites d'aloe vera, après avoir subi deux heures de pose d'un masque ré- énergisant-survitalisant-engraissant, spécial cheveux fins et mous. La parade, j'ai mis vingt ans à la trouver. J'arrive haletante, en jubilant "j'ai décroché le rendez-vous que J''attends depuis trois mois. Dans trois quarts d'heure je dois être partie. ça nous laisse juste le temps de raffraîchir ma coupe." Bien sûr, ça impose de changer régulièrement de figaro mais ma quête du coiffeur idéal m'entraînant déjà à explorer tous les salons de France et de Navarre j' ai tout gagné. Même l'espoir d'entendre un jour "Oh vous, avec vos cheveux, une coupe-brushing suffit". Et ce-jour-là, je me fais fort de lui démontrer que je n'ai pas besoin de brushing. Non plus.
A un flic, pour lui dire "Mort aux vaches"...
La dernière fois,j'avais 18 ans, un fiancé Punk et j'ai passé la nuit au poste. ;-)
Depuis trois semaines, la chair de ma chair a mal au ventre, mal aux notes, mal aux profs lesquels sabrent ses cahiers de traits rouges et de zéros rageurs, enluminés de "à refaire", "mal écrits", et "sale". Et finit par me convoquer pour m'expliquer qu'il n'y a rien à tirer de cet enfant. L'enfant en question me supplie de me taire, par crainte des représailles.
Pourtant, au fil des CP et des CM j'ai mis au point une méthode imparable : petit un, je flatte : "Vos méthodes pédagogiques sont remarquables", "votre réputation dans l'école n'est pas usurpée (si elle n'est pas fraîche nommée dans l'école)", "vous avez déjà attaqué la division,c'est extraordinaire", etc. Petit deux j'admets le problème. "C'est vrai, Hugo est un peu difficile en ce moment, c'est un grand sensible qui a du mal à exprimer ses émotions, qui doute terriblement de lui-même. Petit trois, l'estocade : "Surtout en ce moments et là j''ajoute un problème extérieur : conflit avec le père, grand-mère à l'agonie, naissance annoncée d'un cadet, menace de chômage, bref le "plus" qui justifie que Hugo soit rebelle à l'excellence de son enseignement, sans la remettre en cause, elle. Et ça marche. Enfin, un mois. Enfin, parfois... ;-)
Pourtant, au fil des CP et des CM j'ai mis au point une méthode imparable : petit un, je flatte : "Vos méthodes pédagogiques sont remarquables", "votre réputation dans l'école n'est pas usurpée (si elle n'est pas fraîche nommée dans l'école)", "vous avez déjà attaqué la division,c'est extraordinaire", etc. Petit deux j'admets le problème. "C'est vrai, Hugo est un peu difficile en ce moment, c'est un grand sensible qui a du mal à exprimer ses émotions, qui doute terriblement de lui-même. Petit trois, l'estocade : "Surtout en ce moments et là j''ajoute un problème extérieur : conflit avec le père, grand-mère à l'agonie, naissance annoncée d'un cadet, menace de chômage, bref le "plus" qui justifie que Hugo soit rebelle à l'excellence de son enseignement, sans la remettre en cause, elle. Et ça marche. Enfin, un mois. Enfin, parfois... ;-)
Je prends de plus en plus mal ses bugs successifs. Je lui rappelle que je lui ai toujours parlé gentiment, que j'effleure ses touches avec délicatesse et que, si ça continue, je vais me fâcher. Il me regarde droit dans les yeux (si, si) et plante net. Avec une bombe Imbécile, va. Mais je t'aime bien quand même... Dis tu veux pas te rallumer, en ayant sauvegardé tous mes textes ??? ;-)
1 commentaire:
Non, véridique le coup des pneus???? ton ex avait vraiment fait le nécessaire??????
Ca me rappelle mon vieil atari pour les bombes!!!... quand j'étais étudiante, jeune, patiente!!!... c'est le truc des Macintosh aussi... trop énervant!!!
bisous!!!!
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