vendredi 16 mai 2008

C'est le printemps !

Je ne sais pas ce qui se passe, mais en ce moment les mecs sont déchaînés, les chiens sont lâchés, la chasse à courre grandeur nature et c'est moi qui fait la biche...
Certes, je n'ai peut être pas d'aussi beaux yeux, mais j'ai au moins les jambes aussi velues... Naaan, je plaisante, c'était juste pour la caser car en réalité, j'utilise un puissant désherbant en début de saison pour être tranquille ! Si vous êtes intéressées mesdames, faites vous connaître.
Sérieusement, c'est le printemps... Et ça compromet le précaire équilibre hormonal des mecs, leurs instincts ancestraux rappliquent au grand galop, à la vitesse de la mer qui monte au mont Saint Michel, telle une immense vague déferlant sur la côte en granit rose de la pointe du Raz, un soir de tempête hivernale, lorsque l'océan déchaîné arbore cette couleur vert foncé, si caractéristique, que tous les marins connaissent et savent que bientôt il sera trop tard pour rentrer au port.
C'est tangible, palpable, pratiquement concret, ce n'est pas un vague ectoplasme, pas un feu follet, pas un feu de paille, ni même de broussaille, comme ceux qui se déclenchent spontanément dans la savane, à l'heure où le soleil, au zénith, écrase sous sa chape de plomb le continent africain, lorsque les lions cherchent un coin d'ombre, lorsque même les énormes pachydermes sont terrassés par la chaleur suffocante, lorsque tous les animaux décident d'une trêve, jusqu'au moment où, à la faveur du crépuscule, ils se retrouveront autour du même point d'eau, et que la nature reprenant ses droits la trêve sera rompue, à l'heure où l'air que l'on respire est pareil à une coulée de lave en fusion et que l'on se surprend à s'imaginer installé à une terrasse de café du Boul'Mich, devant un demi pression glacé, dont le crépitement de la mousse immaculée laisse deviner la légère amertume du breuvage, que le verre se vêt d'une fine pellicule de buée, que bientôt de fines gouttelettes se cristallisent dessinant de minuscules rivières, pendant que le timide soleil printanier joue en ombre et en lumière avec les robes légères et fleuries des jeunes filles, si arachnéennes qu'elles ne parviennent à cacher leurs charmes et leurs attraits, si aériennes qu'un obligeant souffle de vent mutin découvre leurs jambes, délicieusement délivrées de leur armure de Nylon qui les ont emprisonnées tout l'hiver, ravies de jouir de cette liberté retrouvée , pendant que d'une délicate caresse, leurs escarpins effleurant avec élégance les pavés, qui n'existent d'ailleurs plus depuis que les étudiants, en Mai 68, les ont balancés sur la tronche des C.R.S. vu qu'ils n'avaient rien d'autre sous la main et que les loquedus d'en face ils ne prenaient pas des gants pour envoyer des grenades lacrymogènes et des grands coups de matraque et que tout le monde est bien d'accord qu'il faut préserver le patrimoine mais il n'y avait que les pavés pour riposter, donc pour conclure sur cet émouvant chapitre de l'Histoire avec un grand "H" et de mon histoire avec un petit, il est vrai que le Boul'Mich n'a plus de pavés mais si j'avais dit qu'elles arpentaient le bitume, les esprits mal tournés auraient trouvé à redire..., donc pendant que d'une délicate caresse, leurs escarpins effleurant les pavés, elles esquissent de leurs courbes gracieuses un agréable ballet, ce qui leur brûle les entrailles au printemps, aux mecs, c'est un immense feu, comme ceux que nous faisions à la Saint Jean et qu'assis en rond, en grattant une guitare, nous maltraitions des complaintes toute la nuit durant, trouvant que les filles étaient séduisantes, la lumière des flammes découpant leur silhouette dans l'ombre mystérieuse de l'odorante pinède, les chauds reflets orangés jouant avec leur visages et mettant de l'or dans leurs yeux, partant en voyage imaginaire avec les flammèches, très haut dans le ciel, jusqu'au firmament, chevauchant une météorite, faisant un voeu secret en apercevant une étoile filante fendre d'un trait lumineux la voûte céleste, sans supposer un seul instant que l'une de ces poussières d'étoile, telle les cigognes de mon enfance, nous apportait un merveilleux présent et que peut être à cet instant j'arrivais de Mypos, ce brasier qui pousse tous les mâles de la création à se reproduire pour assurer la pérennité de l'espèce, et même s'il est vrai que ce but n'est plus primordial depuis des siècles, cet embrasement c'est l'instinct qui reprend le dessus à cette période de l'année.
Tout ça pour dire que les mecs sont chauds !
Tout ça pour dire que les mecs ont le feu dans le pantalon à cette saison !
Cela dit, pour être honnête, il faut les comprendre... car si j'en juge par la vitesse à laquelle diminue la longueur de nos jupes et augmente la profondeur de nos décolletés, si j'en juge par le rayonnement qui illumine nos visages et par notre évidente satisfaction de voir les hommes se retourner, plus ou moins discrètement sur nous, par le plaisir que nous prenons au passage de désirable à désirée, je ne serais pas loin d'imaginer que la reproduction intensive des hormones ne concerne pas exclusivement la gent masculine, à moins que cela ne soit le chant des oiseaux ou celui des cigales, peut être même la parade nuptiale du paradisier de Nouvelle Guinée, plus précisément de Papouasie, qui agisse sur nous, les filles, comme un aphrodisiaque.
Mais après tout... en Mai fait ce qu'il te plaît et moi c'est de plaire qu'il me plaît, je trouve ce plaisir plaisant ne vous en déplaise.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Eh bien j'apprend plein de trucs sur mes congénères :-)