samedi 4 septembre 2010

Zut ! j'ai couché avec mon meilleur ami ...

On s’aimait beaucoup, on était comme deux pépins de pomme, et crac ! 
Aujourd’hui je n’ai pas fini de ruminer cette erreur des sens...
Les amants restent parfois bons amis. Les amis deviennent rarement bons amants...

En règle générale, le jour où une fille fait son entrée dans la vie par la porte cochère des grands principes, sa mère lui confie un petit bagage de sentences avisées.
  • Ne parle pas la bouche pleine.
  • N'accepte pas les bonbons d'un inconnu.
  • Ne réclame pas la lune, surtout quand elle est en croissant.
  • Rentre le ventre.
  • Ne couche ja-mais avec ton meilleur copain...

     Pourquoi pas lui ? demande sottement la fille (qui n'a même pas encore de meilleur copain mais c’est pas grave). Après tout, c'est par définition l'un des rares êtres sur terre en qui on puisse avoir confiance, qui partage nos valeurs, ait le cœur sur la main, la main bricoleuse, la voiture convoyeuse... De plus, il n'est pas nécessairement mal gaulé... Finalement, à quoi bon me galvauder avec des étrangers qui n'en voudront peut-être qu'à ma conversation au balcon [ou mon pognon, va savoir...] alors que lui, c'est sûr, m'aimera pour mon âme !

     Parce que ! répond la mère agacée : un meilleur copain, c'est un frangin, une épaule consolatrice, un cœur d'or, un escort boy, un réservoir à blagues, un serveur d'alibis, un donneur de conseils pas cons, de coups de main, de bonnes adresses. En outre, souvent l'heureux proprio d'un décodeur et d'un frigo dans lequel une bouteille de champagne t’attend sagement. Bref, ce-n'est-pas-vraiment-un-homme. S'il arrive qu'on l'envisage sous cet angle, c'est purement par hypothèse. Notamment pour y voir plus clair dans une de ses love affairs. Parce qu'un meilleur copain a des histoires (souvent désastreuses) avec d'autres filles que nous. C'est d'ailleurs pour ça qu'on est unique dans sa vie. Et nous avec d'autres hommes que lui : c'est pour ça qu'il est irremplaçable dans la nôtre. Prendre le risque de perdre ce joyau est pure folie. Et puis il y a quelque chose de tabou, de quasiment incestueux dans la liaison horizontale copain/copine, qui en général les fait rire (nerveux) rien que d'y penser...

Mais c'est bien connu, les filles n'écoutent jamais leur mère avant d'avoir fait la cuisante expérience qui leur permettra de penser, sans jamais l'avouer "Saperlipopette ! ma mère avait raison !"
Alors pour celles et ceux qui ont encore des doutes, je vais balayer rapidement les 4 scenari possibles dans telle situation

Pour cela, j’ai besoin de deux protagonistes. Une fille que j’appellerai Igrèke et un garçon que je nommerai Ikse.


SCENARIO CALIN-CAHA : "Tous mes copains sont mes chéris et vice versa"
Parfois, l'amitié garçon/fille n'est qu'ambiguïté déguisée en franche et saine camaraderie. Ami, amant, ça commence pareil, ça pourrait bien finir à l'identique.
Clap 1 / prise 1 :
Igrèke a successivement été l'amie de Ikse, Zède, Doublevé, Effe et les autres. Une minette toute jeunette qui avait des rapports de copain avec les garçons. Genre conseil de drague ou autres révisions. Mais elle n'a jamais trouvé d'antinomie entre pote et love. Si elle ne faisait pas couple avec ses copains, c'est qu'ils étaient soit maqués jusqu'aux oreilles, soit qu'un autre détail [pied-bot, mauvaise haleine, maniaquerie maladive...] aurait rendu la vie commune impossible. Mais à chaque fois, souvent l'alcool aidant, elle a couché avec ses meilleurs copains. "J'étais paumée, je ne faisais pas bien la différence. Nous avions une telle complicité, une si grande tendresse. Quand ça arrivait, c'était toujours un écart du droit chemin, c'était vécu comme quelque chose d'exceptionnel. Ça se passait plutôt bien pour moi. Malheureusement, l'autre prenait souvent ça très mal. Parfois, ça a tourné en véritable histoire d'amour et, quand elle se terminait (toujours très vite), on ne retrouvait jamais l'amitié d'avant."
Clap 1 / prise 2 :
Cette Igrèke là ne fait pas non plus la différence… pour elle, un pote, un jules, tous des mecs ! "Ça me prend comme une pulsion nerveuse! Le hic, c'est qu'après le mec ne pense qu'à recommencer. Quand il te prend par le bras, tu ne sais jamais à quoi t'attendre." Il faut dire que Igrèke est une espèce de bombe sexuelle nappée de sensualité comme une poire Belle-Hélène de chocolat chaud et que, sur son passage, les morts se relèvent.Pour elle c'est de l'amitié, pour eux c'est différent. ça ne marche jamais !
Clap 1 / prise 3 :
Igrèke est une fille encore plus fun que l'Igrèke de la prise 2. "On a couché ensemble pour essayer. Ça fonctionnait bien en amitié. On a continué de rigoler au lit. Mais c'est calamiteux, il n'y a plus de mystère. On se croirait dans une cour de récré, ça tourne en eau de boudin. Parfois, après, l'amitié repart. Mais Parfois seulement."

SCENARIO CATA : "J'ai dérapé une nuit d'ivresse"
Ygrèke et Ikse, après quatre ans de fidélité amicale décident de limiter les frais d'un voyage à Barcelone. Même train, même chambre. Chaque jour, les limites reculent. Et Paf ! Le chien ! Patatras sur le matelas. "Un jour, t'es blindée, ta main part toute seule, tu ne sais même pas pourquoi. Evidemment, c'est la connerie du siècle, je ne te raconte pas la gueule de bois au réveil. On n'ose même plus se regarder." (Dans le même genre, on peut trouver la version urbaine hors vacances, qui vaut bien celle-là : On traverse une période solo. On se fait un pti resto amical, on finit en boîte, on boit un peu, et encore un peu et le matin on se retrouve tout con en se demandant quelle bêtise on vient de faire.) Bref, Igrèke a pleuré son amitié perdue durant deux mois. Ikse l'a rappelée, mine de rien, quoiqu'un peu déconfit, pour prendre des nouvelles. Embargo sur la nuit de folie, l'amitié a repris ses droits au prix du non-dit. Mais on ne les y reprendra plus.

SCENARIO CATADRAME : "II était amoureux de moi depuis longtemps"
Ikse et Ygrèke, depuis leur rencontre, sont deux cerises philippines. Elle se coupe, il déroule l'Urgo. Elle pleure, il tend le Kleenex. Il connaît les aventures, frasques et bides de Ygrèke par cœur. Et lycée de Versailles. Il est son Arnica, son taxi, son tuteur, son souffre-douleur. Et Ygrèke de raconter : "Il m'invitait au chinois pour me requinquer, il passait ses week-end à bricoler ou jardiner. Il préparait mon déjeuner, m’achetais des fleurs, vivait en direct mes love affairs désastreuses et me ramassait à la cuillère pour me consoler… Cafard buvard, chagrin câlin… Moi, j'étais contente parce que je n’étais pas seule. Dans ma grande lâcheté, un jour de grosse déprime, je lui ai proposé de rester dormir à la maison… en tout bien tout honneur, copain copain… et ça a dérapé." Ce soir-là, Ikse l'a serrée plus fort que d'habitude, plus près, plus sexe. Le lendemain, ils ont voulu croire tous les deux à la magie d'une histoire d'amour… Très vite, Igrèke a avoué "Il y a un total décalage, comme si tu te sacrifiais au mec pour lui faire plaisir, il attend ça depuis si longtemps. Mais tu lui en veux, parce que, le lendemain matin, il a beau s'en cacher, il est radieux. Quoi qu’il en soit, après ça, tu ne le voit plus pareil et les défauts qui te faisaient marrer chez ton pote tu ne les supporteras jamais de ton chéri. Tout est foutu !". De son côté, Ikse, cryptomacho mais amoureux transi, a passé quelques années à mariner, épuisette à la main pour ramasser les miettes jusqu'à emporter le morceau. Mais lui non plus n’a plus vue Igrèke comme la meilleure amie... Elle était devenue sa chose, elle était devenue sienne, il n’avait plus à lui faire plaisir, il n’avait plus à la séduire… Constat dramatique : L’ amour ne marchait pas et l’amitié s'était enfuie entre les mailles !

SCENARIO BINGO : "On se marie et on a beaucoup d'enfants"
Enfin, il y a les veinards, les petits cousins et cousines de Harry et Sally. Prenez Igrèke et Ikse. Quand Igrèke s'est fiancée, Ikse, ravi pour elle, lui a offert un sublime cadeau. Quand Ikse s'est marié, Igrèke était son témoin, toute fière du bonheur de son alter ego. Tous deux ont une vie de couple parallèle et sans nuages. Sûr qu'elle allait un jour appeler son premier-né Ikse et lui sa bébé fille Igrèke. Jamais une arrière-pensée plus charnelle qu'une grosse bise sonore sur la joue. Jusqu'au jour où, insidieusement, les meilleurs amis du Grand Lyon sentent le désir leur chatouiller la plante des pieds et puis le creux de l'échine. Drame, déchirement, douleur. Aujourd'hui, le couple Igrèke/Ikse fait l'admiration et l'envie du reste de l'agglomération, avec deux enfants à eux. Inséparables, aussi amis qu'amants. Happy end.

Selon mes dernières statistiques, qui n'ont rien d'un sondage Ipsos réalisé sur un échantillonage représentatif de la population, 50% la jouent catadrame, 30% la jouent cata, 19,9% câlin-caha, et seuls les 0,1 % restants décrochent le bingo.

Moralité : Mieux vaut de son Chéri se faire un ami qu'un amant de son plus fidèle Ami… Et ce, même les jours de pluie !

Voilà ! Je vous avais promis d'expliquer le pourquoi du comment de situation sentimentique actuelle et temporaire. Tout est résumé dans le titre !

Pour le reste, il ne s'agit que d'un cocktail dans lequel se mêlent retour d'expérience passée, présente et parallèle, le tout arrosé d'un zest de situations tant réelles qu'imaginaires et amèrement vécues par moi …ou d'autres !!!
Ces scénari ne sont que romance. Je ne décris pas les événements tels qu'ils sont, ou ont été, dans la réalité. Je m'autorise certaines libertés. Par exemple celle de changer des lieux ou des saisons, et surtout d'inventer des enchaînements fictifs là où c'est nécessaire. Pour autant, je ne suis pas jamais partie en vacances à Barcelone. La même chose vaut pour les personnages. Ainsi je ne pense pas qu'il existe dans le grand Lyon un couple Ikse/Igrèke heureux d'être amis/amants. Personne n'a donc lieu de se sentir visé. Toute ressemblance avec des personnes réelles ne peut cependant totalement être évitée. Il s'agit dans ce cas de pures coïncidences.
Mais le soleil, début septembre dans l'est lyonnais, se lève bien autour de sept heures cinq, le pied-bot, la mauvaise haleine et la maniaquerie maladive constituent en effet des erreurs bloquantes et j'avais effectivement l'habitude de manger au chinois les soirs de cafard. 
On retrouve donc, au milieu de chaque fiction, un certain nombre de vérités indubitables.
Ce qui était évidemment mon intention.

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