mercredi 21 novembre 2007

Les gamberges nocturnes

On ne s’endort pas. Alors on rumine. On dérive. Et c’est sûr, dès demain matin, on divorce, on démissionne, on flingue cette vermine de Lambert. A croire que notre cerveau se branche sur un autre logiciel en nocturne. Au point qu'on s’étonne parfois du tour délirant de nos pensées.
En fait, le principe est très simple : on gamberge comme on se couche !
Soit avec entrain, quand on adore son lit. Vite s’allonger, se détendre, s’enfouir douillettement, se lover à l’abri des soucis et du bruit. Et se laisser aller à la rêverie voluptueusement.
Soit on va se coucher contrariée, tendue, réticente. Peur de perdre quelque chose, son temps, un bout de vie, peur de sombrer dans un gouffre insondable. Et pour faire face à cette menace, déployer une intense activité cérébrale. Les yeux grands ouverts, repasser la journée au crible, « tiens, j’ai oublié d’écrire aux impôts », analyser les évènements, « j’aurais dû proposer à Marie de venir dîner », explorer l’équation « est-ce que ça vaut le coup de faire réviser la chaudière ? ». Sans oublier l’examen de conscience en s’avouant avoir refusé un resto pour une migraine fantomatique.
Bref, on peut se faire du cinéma à foison ! Notre homme, parti en déjeuner d’affaires un samedi à midi, est revenu à 18h. On imagine son vis-à-vis : chevelure abondante, décolleté généreux, drôlement potentiel le client. On la voit grimper d’ici, la courbe des ventes. Et, s’il faut vraiment des preuves, il suffit de le regarder gisant à côté, ça saute aux yeux qu’il récupère. A partir d’un détail, on extrapole et les vieux conflits remontent, réactivés. On pense à son attitude avec les enfants, (qui ne sont pas ses enfants), cette façon de leur faire sentir qu’ils sont tolérés. Ce ton pour leur dire « mouche-toi » ou « finit ton assiette ». Demain on divorce pour sauver nos enfants…
La tête en fuite sous l’oreiller, les heures blanches nous renvoient tout ce que la vie nous vole. Notre patron nous refuse le pont de la toussaint ? A l’horizontale, on laisse monter sa révolte. On lui assène notre démission, on lui jette à la tête notre profond dégoût pour ses méthodes de management préhistoriques. C’est d’ailleurs l’instant délectable où l’on peut régler tous ses comptes sans frein. S’imaginer en salle de réunion, guettant qu’un collègue se débine d’une pirouette sur un problème, « je ne suis pas qualifié ». Pour renchérir, « moi, si », et lui rafler le dossier. Et on se passe en boucle la scène fatidique, le sourire des témoins, la tête de la victime… un jour on le fera… C’est aussi au lit qu’on écrit les plus belles lettres d’injures ou que l'on conseille fortement à sa boulangère revêche de se faire embaucher aux archives municipales, en lui rappelant que dans son métier, « le sourire n’est pas optionnel mais obligatoire ». Et si dans un élan de fureur nocturne, on se lève et on l’écrit, le lendemain on en fait sagement des confettis. Idem pour nos sublimes lettres de condoléances concoctées au cœur de la nuit. Le corps détendu, la conscience chevillée au cœur de notre sensibilité, on trouve les mots pour évoquer « notre peine infinie » devant « l’absence cruelle » de la belle-mère d’une copine et « tout notre être vibre » en songeant qu’il n’y a pas de mort pour elle, « juste un passage ». Le lendemain, on réalise qu’on ne connaît même pas le prénom de cette dame qu’on n’a vue qu’une fois et qu’on a la considération quelque peu emphatique.
Une fois embarquée sur le toboggan de la gamberge, impossible de freiner, car elle procède d’un mécanisme impitoyable. Il est impossible de s’endormir sans passer par un seuil de vulnérabilité. D’abord accepter de s’absenter de la vie. Quand notre vigilance baisse, notre volonté faiblit, nos défenses tombent et notre inconscient s’exprime beaucoup plus. On se retrouve face à soi-même, saisie d’hyperlucidité, on ne se censure plus, les émotions affleurent. C’est aussi l’inconscient qui nous fait bondir à 4h du mat’, le cœur à 140, avec l’ultime certitude que notre passeport est périmé. Et c’est vrai. Et même si l’on n’a pas prévu de partir en voyage, c’est angoissant parce qu’on butte sur notre impuissance immédiate. Parfois le flash vire au cauchemar. Notre fille se penche à sa fenêtre pour parler à une amie et bascule tout à coup. Non, on va faire poser un grillage solidement fixé. A moins qu’on installe une alarme à la fenêtre, dès qu’elle s’ouvre la sirène mugit tel un Airbus au décollage. Et si on plantait carrément des cactus sur le rebord de la fenêtre ? On remonte l’oreiller, soulagée. C’est peut-être ça, la solution ?
Lorsque les ruminations se succèdent, les cernes se creusent, et on finit par se demander si un demi Xanax ne règlerait pas notre cas. Avant d’en arriver là, on peut revoir nos habitudes pour dompter notre sommeil…
En repérant nos véritables besoins qui peuvent varier de 5 à 12h de sommeil. On peut se croire insomniaque alors qu’on est une petite dormeuse qui s’entête à rester au lit.
En pratiquant un sport un peu intense qui augmente le sommeil réparateur. Mais attention : en journée seulement car le soir, l’organisme n’arrive plus à se déconnecter.
En conjuguant un sommier rigide et un matelas ferme. D’après une enquête récente, un lit neuf permet de gagner une heure de sommeil et réduit la durée totale des éveils.
En dînant léger, d’une salade verte (elle contient un hypnotique doux), d’un plat de pâtes, riz ou PDT associés à de la viande maigre et du fromage à 20%. Erreur à ne pas commettre : carburer au coca, thé, café ou vitamine C après 17h.
En notant que l’heure idéale pour se coucher se situe entre 22h30 et 23h. Guetter alors les signes de baisse de la vigilance : les paupières se font lourdes, l’œil dérape, se brouille, la parole s’empâte et les pensées s’embrument. Ne pas louper le moment !
En regardant la télévision. Au hit-parade des émissions soporifiques : les séries américaines, les soirées d’autocongratulation « Les Césars », « Les Molières ». On dort aussi très bien en se cultivant devant « le droit de savoir » ou « vol de nuit ».
En prenant un bain tiède. Abaisser la température corporelle provoque l’assoupissement.
En se massant le thorax avec de l’huile essentielle de lavande mélangée à de l’huile d’amande douce.
En faisant l’amour : le cerveau libère davantage d’endorphines, qui provoquent l’assoupissement.
Si malgré tout, on se réveille en pleine nuit, le cerveau alerte, la bouche sèche, les pieds frais et envie de faire pipi, inutile de croire qu’on va se rendormir sur commande ! le mieux c'est de se lever, filer aux toilettes, boire un verre d’eau -mieux encore, du lait, il contient un somnifère naturel, le tryptophane-, et enfiler des chaussettes. Se mettre alors dans la position que notre corps préfère, fermer les yeux et feindre de dormir, sans chercher le sommeil. Et le trouver.


Bonne Nuit !!!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonsoir bonsoir !!
Le week-end et le début de cette semaine sont passées à une vitesse grand V... Moi aussi, je connais parfois les "gamberges nocturnes". Je finis parfois par m'endormir, mais par contre, si je sens le lendemain soir que je vais encore cogiter alors là, je n'hésite pas à prendre un "truc" pour dormir. J'ai besoin de 7 à 8h de sommeil, sinon je ne suis plus bonne à rien, je suis exécrable, je pleure, je ne supporte plus rien, limite déprimée... c'est horrible !
Je fais très attention à mon sommeil, et d'ailleurs, je sens que c'est l'heure d'y aller !
A bientot sur msn j'espère...
Bises.