lundi 5 novembre 2007

Problème de "Sonotone" ???

Y'a t'il quelqu'un, par ici ou par ailleurs, qui peut m'expliquer pourquoi :
lorsque je dis "Stop", on entend "Encore" ???
lorsque je dis "ça suffit !", on entend "continues" ???
lorsque je dis "j'en ai marre", on entend "remets 10 balles" ???
Non, je n'ai pas de problème d'élocution ! Non, ce n'est pas lié à un mauvais réglage du Sonotone ! c'est seulement parce que je n’ai jamais su faire preuve d'autorité !
Imposer mon avis, prendre une décision, déléguer, demander, exiger. Plusieurs fois par jour, il est nécessaire de s’affirmer et jusqu'à présent, j'en étais malade. Tout simplement car je partais du principe que je n'avais pas mon mot à dire... et puis de toute façon, quel mot ? moi-même, je ne le savais pas très bien.
Piégée par mes émotions dans une position d’éternelle dominée, je m'écrasais et je m’oubliais. Jusqu’au jour où j'explosais de façon disproportionnée, donc inadaptée. Politique de l'autruche ou ignorance, je traduisais mon comportement par une immense patience et un caractère docile. J’imaginais que pour échapper aux conflits, il suffisait d’être conciliante avec tout le monde. Ce n'était qu’une façade car j'éprouvais de la rancœur envers ceux qui ne tenaient pas compte de mon avis ou de mes droits. J'étais coutumière du discours paradoxal. Lorsqu'une situation ou une proposition me contrariais, tantôt je l'acceptais tout en ronchonnant, tantôt je la refusais puis je passais dans les minutes suivantes un compromis foireux par le biais duquel je finissais par accepter. C'était vrai pour tout ! les caprices des enfants, les sales coups des copines, les exigences de ma chef de service, les tromperies de mon ex... Durant des années, j’ai refusé de m’affirmer par peur de passer pour une idiote... Je suis souvent passée à côté de certains trucs importants auxquels j'avais droit ou dont j'avais vraiment envie. Mais comme c’était à moi de faire la démarche, à chaque fois que je me décidais, je faisais marche arrière. Je n’osais pas. Lorsqu'il s'agissait de demander, pire encore, d'imposer, j'avais le cœur qui battais, mes mains devenaient moites et au final, soit je me taisais, soit mon refus se transformait en acceptation dans les minutes suivantes. J’avais perdu toute crédibilité !
Et puis il y a eu le 15 novembre 2006... L'hospitalisation sous contrainte en milieu psychiatrique... je ne savais plus vivre, j'avais besoin d'aide. Il y avait vraiment du boulot et je n'avais pas de temps à perdre.
Après trois semaines de fureur, car j'en voulais à la terre entière d'être enfermée là, j'ai finalement compris que ces gens, qui me retenaient "prisonnière", me mettaient simplement à l'abri de moi-même et de mon mal de vivre. J'ai compris aussi qu'ils étaient là pour m'aider et qu'ils me tendaient la main. A partir de ce moment là, j'ai commencé à écouter... Je devais reconstruire ce qui était cassé mais aussi acquérir ce qui me faisait tant défaut : une bonne estime de moi. Pour m'aider, le Dr E. m'a conseillé un livre : Affirmez-vous, pour mieux vivre avec les autres.
Depuis que je suis sortie, en janvier 2007, je suis une thérapie avec le Dr M., psychiatre. Au fil des semaines, elle a appuyé sur ce qui faisait mal tout en m’expliquant pourquoi. Bien sûr, j'étais persuadée qu'elle avait raison mais... persuadée aussi que dans MON cas c'était différent... et à chaque fois que j'arrivais dans son cabinet, complètement laminée par les évènements de la semaine, elle me renvoyait dans mes 22 en me réchauffant la même rengaine. « Affirmez vous. Vous êtes quelqu'un à part entière. Vous êtes singulière. Vous n’êtes pas là pour faire plaisir aux autres, vous avez le droit de penser différemment, vous avez le droit de faire autrement, vous avez le droit de le dire. Et si les personnes à qui vous vous adressez ne partagent pas votre avis, la Terre ne s'arrêtera pas de tourner.». Oui, elle me renvoyait dans mes 22, mais elle m’écoutait attentivement. Et je pense que c’est à ce moment là que le déclic s’est produit ! J’ai compris petit à petit, à sa façon de m’écouter, que mon avis pouvait avoir de l’intérêt.
Je sais aujourd’hui que contrairement aux idées reçues, une femme qui exerce son pouvoir n’est pas une castratrice. C’est ni plus ni moins qu’un être humain à part entière qui est en droit d’exprimer son désir, de demander, et parfois d’imposer. Ce qui n’est pas évident pour tout le monde… car plus on a été dévalorisé, plus l’estime de soi est réduite, et plus on a du mal à exprimer sa singularité.
De la même façon, ne rien refuser à un enfant au nom de sa liberté et de son épanouissement est une vaste idiotie, nous faisant oublier qu’il grandit aussi parce qu’on lui pose des limites. Etre parents effacés prive l’enfant de clés pour s’affirmer. A l’inverse, être tyranniques montre une image excessive de l’autorité que l’enfant intériorise et qui plus tard fera de lui un adulte ou trop soumis ou rebelle à l’excès.
Sur le principe du "pour" ; "contre" j'ai fais une "liste". Toute simple. Tout et tout le monde y est passé. En particulier, mes enfants, mes parents et celui qui prétendait être mon compagnon. Mais j'ai aussi passé en revue les papas de mes mes enfants, mes amis et mon employeur.
Pour chacun, je me suis posé les questions suivantes : qu’est-ce que je suis en droit d’attendre de l’autre ? au nom de quoi ? je me suis également interrogée sur les idées, les peurs, les craintes qui me tétanisent dans ces moments là. Les réponses étaient claires : que l’on ne m'écoute pas, que l’on se moque de moi, que je sois ridicule, que l’on ne m’aime plus, que l’on me déteste. Curieusement, mettre des mots sur ces angoisses m’a permis de dédramatiser. D'autant plus qu'aucune de ces appréhensions ne pesait vraiment lourd... Jour après jour, j’ai réussi à différencier ce que j’acceptais de bon gré et ce qui me faisait souffrir, que je devais donc apprendre à refuser quoi qu’il en soit. Il ne m'a pas fallu longtemps pour en constater les bienfaits.
Quelle surprise pour certains de s’apercevoir que je suis capable de dire non calmement, mais aussi de donner mon avis ou d’imposer une façon de faire (justifiée). Pire encore, stupéfaction de constater je ne reviens pas sur mes décisions même quand celles ci viennent à l'encontre de ce qui pourrait faire plaisir.

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